Dans le concept de “prise de refuge aux trois joyaux”, il est important de comprendre l’origine de cette action, et pas simplement le déroulement de cette action. Cet engagement est personnel et il n’y a pas de notion de “rendre des comptes” à l’environnement ou bien à Bouddha.
Le chemin de l’éveil doit être passé par cette cérémonie de prise de refuge, l’état d’éveil s’obtient par cette voie ultime:
Les maîtres faisant partie du Sangha, transmettent la connaissance (Le Dharma) puis cette connaissance est appliquée et pratiquée dans sa “propre” discipline, et de là l’esprit d’Eveil retrouve sa propre nature. D’où il est important de revenir vers le refuge du Bouddha, du Dharma et du Sangha (Communauté de ceux et celles qui pratiquent la discipline). Ces 3 “Corps” de la tradition bouddhiste sont considérés comme des éléments extrêmement précieux de la Connaissance Suprême (la Sagesse), de l’Harmonie (La Discipline) et de l’Eveil (Le Bouddha). Ces trois étages de la pratique sont apparus au moment où le 1er sermon a été donné par le Bouddha aux cinq frères ascètes, au parc des cerfs, près de Bénarès, à Sanarth. C’était aussi à ce moment que la roue du Dharma a tourné et que le Sangha a été créée (formé par au moins 4 disciples), telle l’image de l’enseignant donnant la connaissance à ses élèves.
Une autre définition plus précise tirée de la traduction du terme viêtnamien” Quy y Tam bảo”, qui donnerait littéralement :
- “Quy (trở về)” signifie “revenir vers”
- “Y (nương tựa)” signifie “s’appuyer sur”
- “Tam (ba)” signifie “trois”
- “Bảo (ngôi quý báu)” signifie “abri précieux” ou “Joyau”
La signification globale deviendrait “revenir vers le chemin de l’Eveil en s’appuyant sur les trois Joyaux”. Le bouddha a instauré cette application de prise de refuge par compassion aux êtres. Elle est une passerelle pour atteindre l’état d’Eveil. D’un point de vue de l’apparence extérieure, cette cérémonie n’est pas simplement une cérémonie donnant une étiquette qu’on qualifierait la personne de “bouddhiste”, mais elle ouvre une porte vers la connaissance, la conscience de la pratique et le respect de la pratique, et plus particulièrement une attention sur l’application de la pratique en constance évolution vers le chemin de l’éveil. Même si cette cérémonie est souvent comparée par exemple au baptême propre à la religion catholique, la prise de refuge a un aspect non pas superficiel mais beaucoup plus profond. Ce qui traduirait par :
- Prendre refuge auprès de Bouddha : c’est prendre refuge auprès de la personne qui a retrouvé sa propre nature d’éveil, en la qualité de paix intérieur et auprès en l’état d’éveil qui existe en chaque être.
- Prendre refuge auprès du Dharma : c’est prendre refuge à l’équanimité de la connaissance des enseignements pour tous les êtres, aux disciplines et règles qui sont les moteurs des actions, auprès des enseignements issus de la conscience et la sagesse de l’expérience.
- Prendre refuge auprès du Sangha : c’est prendre refuge vers la communauté des pratiquants de la discipline, de la connaissance et de l’harmonie. Nous sommes en quelque sorte disciple de nous-même, c’est à dire disciple du Bouddha qui sommeille en nous, et la pratique de l’harmonie se reflète sur les éléments qui nous composent avec ceux du monde à travers les 6 actions d’harmonie (Lục Hòa).
La cérémonie de prise de refuge se déroule en 3 temps au temple :
- Temps 1 : Un rappel ou enseignement sur la cérémonie de prise de refuge
- Temps 2 : La cérémonie de prise de refuge (Nom bouddhiste donné par le Maître de cérémonie, Lama ou Vénérable)
- Temps 3 : Prise de voeux des 5 préceptes / entrainements
La prise de voeux des 5 préceptes ou encore la prise de voeux de l’application des 5 disciplines ou règles, se rapportent à la conduite éthique d’une personne. Dans l’environnement mondain, le principe de création de loi ou de règle est un moyen pour mettre en place une harmonie de vie en société. De même que le Bouddha a dit à Ananda : “Quand je ne serais plus de ce monde, les règles ou les lois seront votre guide, qui, si elles sont appliquées justement, vous emmèneront vers l’Eveil”. D’où une importance fondamentale et capitale de la pratique de ces lois afin d’acquérir l’état d’Eveil. Pour des êtres animés d’un corps physique, le Bouddha a énoncé 5 règles et préceptes à pratiquer, qui sont, après traduction :
- Ne pas tuer : préserver la vie
- Ne pas voler : être généreux
- Ne pas détruire la famille : préserver l’harmonie de la famille
- Ne pas mentir : préserver la Vérité Ultime
- Ne pas consommer de produits toxiques à l’Eveil : préserver la conscience d’Eveil
Les préceptes présentés ci-dessus sont donnés d’une façon grossière. Pour les éviter, il faut s’en rappeler et surtout les appliquer, même si parfois “difficile” à appliquer car l’esprit d’ego détourne selon ses désirs. Tant que notre conscience n’est pas présent dans nos actions, le respect de ces préceptes reste encore délicat. Notre comportement ou conduite éthique au quotidien portent toujours une valeur humaine et un sens de la vie sur le bien être et l’équilibre: c’est dans ce sens que l’œil de la Sagesse est là pour nous diriger et nous faire admettre que notre implication dans nos actions peuvent entraîner ou non la création de l’état de souffrance. Ce retour sur la notion de souffrance nous oblige souvent à se remettre en question, à s’élever dans la conscience de sa pensée, de sa réflexion et surtout sur le résultat qu’elle aura conclu. Souvent la superficialité pèse plus lourde dans ce monde matérialiste, c’est pour cette raison qu’il faudrait développer la compréhension juste dans une attention juste d’une action juste.