Soutra du Reflet dans le Miroir

« Mes amis, c’est ainsi qu’un bhikkhu doit réfléchir sur lui-même : ‘En ce moment, suis-je attaché à des désirs non justes et suis-je contrôlé par des désirs non justes ?’ »

Ce Texte a été traduit par Thich Nhat Hanh à partir de l’Anumana Sutta (N°15 dans le Majjhima Nikaya, dans le Canon Pali). Le Soutra de l’Invitation du Bikshu est son équivalent dans le Canon Chinois, n°89 dans le Madhyagama (n°26 dans l’édition révisée Taisho).

Ce soutra est très bénéfique pour le bonheur des moines et moniales qui vivent respectivement sous le même toit d’un monastère ou d’un même couvent.
Il est récité régulièrement dans les centres de pratique du Village des Pruniers du monde entier, dans le cadre de nos sessions quotidiennes d’assise et de chant. Vous pouvez le retrouver dans  Chants du Coeur, Thich Nhat Hanh (Editions Sully 2009).


Soutra du Reflet dans le Miroir

« J’ai entendu ces mots du Bouddha une fois, alors qu’il habitait chez le peuple Bhagga à Sumsumaraghiri dans le parc des gazelles du bois de Bhesakala.

Le Vénérable Mahamoggallana s’adressa aux bhikkus :
“Mes amis.”
“Oui, ami”, répondirent-ils au Vénérable Mahamoggallana.

Le Vénérable Mahamoggallana parla ainsi :
“Mes amis, supposons qu’il y ait un bhikkhu qui dise à d’autres bhikkhus : ‘S’il vous plaît, parlez-moi Révérend Bhikkhu, je voudrais que vous m’offriez un éclairage’. S’il est difficile de lui parler, si son caractère le rend difficile d’approche, impatient, peu tolérant, acceptant mal les critiques constructives ou les avis et les instructions de ses amis dans le Dharma, alors, ceux qui pratiquent la Voie de la Conduite Sublime avec lui penseront : ‘Ce n’est pas quelqu’un à qui l’on doit parler, ni qui doit être instruit, ni en qui on peut avoir confiance’. Quelles sont les caractéristiques qui rendent quelqu’un difficile à aborder ?

“Mes amis, un bhikkhu attaché à des désirs non justes, contrôlé par des désirs non justes, est difficile d’approche et il est difficile de lui parler.

“Il est d’autres raisons qui le rendent difficile à aborder : Une personne qui se vante et méprise les autres, qui se met facilement en colère et qui est dominé par sa colère ; parce qu’il est en colère, il garde une rancune ; parce qu’il est en colère, il a mauvais caractère ; parce qu’il est en colère, il parle d’une mauvaise manière ; il accuse celui qui l’a corrigé ; il calomnie celui qui l’a corrigé ; il corrige à son tour celui qui l’a corrigé ; il évite les critiques en posant une autre question ; il change de sujet ; il manifeste du désagrément, de la colère et du ressentiment ; il n’arrive pas à expliquer son comportement lorsqu’il est corrigé ; il n’est pas en Pleine conscience et n’a pas de bonne volonté ; il est jaloux et avide ; il est hypocrite et trompeur ; il est têtu et arrogant ; ou bien il est mondain et il s’attache aux choses qui appartiennent à ce monde et trouve difficile de s’en détacher. Ceci mes amis sont les énergies d’habitudes qui le rendent difficile d’approche et qui font qu’il est difficile de lui parler.

“Mes amis, supposons qu’un bhikkhu demande à d’autres bhikkhus : ‘S’il vous plaît parlez moi Révérend Bhikkhu, je veux que vous m’offriez un éclairage.’ S’il est facile de lui parler, s’il a les qualités qui le rendent facile à aborder, patient, tolérant, ouvert et capable d’accepter des critiques constructives ou quelques mots de conseils et des instructions des amis dans le Dharma, alors ceux qui pratiquent la Voie de la Conduite Sublime avec lui penseront : ‘C’est quelqu’un à qui on peut parler, que l’on peut instruire et en qui on peut avoir confiance.’ Quelles sont les qualités qui le rendent facile à aborder ?

“Mes amis, un bhikkhu qui n’est pas prisonnier de désirs non justes, qui n’est pas contrôlé par des désirs non justes est facile à aborder et il est facile de lui parler. Il ne se vante pas et ne méprise pas les autres ; il ne se met pas facilement en colère et n’est pas dominé par sa colère ; parce qu’il n’est pas en colère, il n’est pas rancunier ; parce qu’il n’est pas en colère, il n’est pas de mauvaise humeur ; parce qu’il n’est pas en colère, il ne parle pas d’une mauvaise manière ; il n’accuse pas celui qui l’a corrigé ; il ne calomnie pas celui qui l’a corrigé ; il ne corrige pas à son tour celui qui l’a corrigé ; il ne cherche pas à éviter la critique en posant d’autres questions ; il ne change pas de sujet ; il ne manifeste pas de mauvaise humeur, de colère et de ressentiment ; il réussit à expliquer son comportement lorsqu’on le corrige ; il n’est ni jaloux ni avide, ni hypocrite ni trompeur, ni têtu, ni arrogant ; il n’est pas mondain et ne s’attache pas aux choses qui appartiennent au monde et ne trouve pas difficile de lâcher prise. Ceci, mes amis, sont les qualités qui le rendent facile à aborder et qui font qu’il est facile de lui parler.

“Mes amis, on doit pouvoir évaluer son propre état en considérant l’état des autres de la manière suivante : ‘Cette personne a des désirs non justes et il est contrôlé par ses désirs non justes ; par conséquent, je ne le trouve pas facile à aborder. Si j’avais des désirs non justes et que j’étais contrôlé par ces désirs non justes, d’autres ne me trouveraient pas facile à aborder’. Quand on voit cela clairement, on doit prendre la décision suivante : ‘Que je ne sois pas attaché aux désirs non justes ni contrôlé par ces désirs non justes’.

“Cette méthode de réflexion doit être pratiquée dans d’autres cas tels que se vanter et mépriser les autres, se mettre facilement en colère et être dominé par la colère, etc.

“Mes amis, c’est ainsi qu’un bhikkhu doit réfléchir sur lui-même : ‘En ce moment, suis-je attaché à des désirs non justes et suis-je contrôlé par des désirs non justes ?’ Si quand il réfléchit ainsi, le bhikkhu sait : ‘En ce moment, je suis attaché à des désirs non justes et contrôlé par des désirs non justes’ alors il doit pratiquer avec diligence pour mettre fin à ses formations mentales malsaines. Si, par contre, quand il réfléchit, il sait : ‘En ce moment je ne suis pas attaché à des désirs non justes et je ne suis pas contrôlé par des désirs non justes’, alors un bhikkhu peut vivre avec un sentiment de bonheur et il doit pratiquer avec diligence pour nourrir et augmenter ses formations mentales saines.

“Cette méthode de réflexion a besoin d’être pratiquée dans d’autres cas tels que se vanter et mépriser les autres, se mettre facilement en colère et être maîtrisé par sa colère, etc.

“Si, mes amis, quand il réfléchit, un bhikkhu voit clairement qu’il n’a pas encore abandonné ses défauts, alors il doit pratiquer avec diligence pour les abandonner. Si, quand il réfléchit, un bhikkhu voit clairement qu’il a abandonné ses formations mentales malsaines, alors il peut vivre avec un sentiment de bonheur et il doit pratiquer avec diligence pour nourrir et augmenter ses formations mentales saines.

“C’est comme lorsqu’une jeune personne qui aime se parer, contemple son visage dans un miroir ou un bol d’eau claire. S’il voit de la saleté ou une imperfection sur son visage, il essaie de le nettoyer. S’il ne voit pas de saleté ou d’imperfections, il pense : ‘C’est bien, mon visage est propre’.

“Donc, mes amis, si un bhikkhu réfléchit et voit que toutes ses formations mentales malsaines n’ont pas toutes été abandonnées, alors il pratique avec diligence pour les abandonner toutes. S’il voit qu’il les a toutes abandonnées, il se sent heureux à ce sujet et il sait qu’il doit pratiquer avec diligence pour nourrir et augmenter ses formations mentales saines.”

Le Vénérable Mahamoggallana venait de parler. Les bhikkhus étaient heureux, avaient confiance et acceptaient les paroles de leur maître.»

Anumana Sutta, Majjhima Nikaya 15

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